• Nous avons nos premières conclusions du Bilderberg 2007, de Robert Zoellick et de la nomination à la Banque Mondiale.

    La délégation US supporte unanimement la candidature de Robert Zoellick comme prochain président de la Banque Mondiale. Zoellick est un cadre exécutif de Wall Street âgé de 53 ans, ancien officiel de l’administration et fondamentaliste du libéralisme. Au cours du meeting, il s’est engagé à « travailler pour restaurer la confiance dans la banque ».

    « Nous devons laisser nos différences de côté et nous concentrer ensemble sur le futur. Je crois que les meilleurs jours de la Banque Mondiale sont à venir » dit Zoellick.

    Les chances de Zoellick de ne pas être confirmé au fauteuil de président de la Banque Mondiale sont quasiment nulles. La décision finale doit être prise d’ici fin juin par les 24 membres du conseil d’administration.

    Les Etats-Unis et l’Europe ont un accord tacite entre eux selon lequel le président de la banque est toujours un citoyen US alors que son institution sœur, le Fond Monétaire International est dirigé par un européen.

    Néanmoins, selon nos sources à la conférence, les Bilderbergers européens ne sont pas tous heureux de poursuivre le statu quo dans lequel les US nomment un candidat unique après consultations informelles des membres de la banque.

    La nomination apparaît aussi court-circuiter les appels naissants pour une réforme du processus de sélection à la banque, une des pierres angulaires de l’architecture financière globale telle que conçue par les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.

    Un Bilderberger belge a proposé “un processus de sélection basé sur le mérite, sans contrainte de nationalité”, proposition qui sera évidemment rejetée par l’administration Bush inepte. Ce qui est assez remarquable est que, à plusieurs occasions, des Bilderbergers européens ont ouvertement rejeté le modèle actuel en disant que « la nomination pue le double standard », particulièrement parce que les deux, Etats-Unis et Banque Mondiale, prêchent pour la responsabilité et la transparence auprès des pays en voie de développement, les principaux clients de la banque.

    Mais avec le FMI sous contrôle de l’espagnol Rodrigo Rato, la banque centrale européenne avec le français Jean Claude Trichet, c’était une entreprise difficile que d’imaginer que les USA abandonneraient le contrôle de la Banque Mondiale et que seule la Federal Reserve US resterait entre les mains des étatsuniens.

    “Remplacer un candidat de Bush par un autre ne résoudra pas les problèmes fondamentaux de gouvernance de la Banque Mondiale,” dit un scandinave. “Les gouvernements membres devraient rejeter un arrangement en coulisse qui laisse la structure de gouvernance de la banque intacte, et devraient pousser pour un processus ouvert et basé sur le mérite” dit-il.

    Le nom de Zoellick a également fait sourciller dans les groupes de développement, pour ses liens étroits avec l’établissement US et les intérêts des grandes entreprises.

    Un des participants dont je n’ai pas confirmation de l’identité a demandé à Zoellick comment il comptait renouer les relations avec les nations du Tiers et du Quart-monde alors qu’on se souvient surtout de lui dans sa fonction de Représentant du Commerce US, forçant la main des gouvernements des nations pauvres pour les faire adhérer aux lois sur la propriété intellectuelle imposée par les US qui rendent les médicaments, par exemple, inabordables pour le monde en développement.

    Il a été un ami proche de la grande industrie pharmaceutique, et les accords de commerce bilatéraux qu’il a négocié bloquent réellement l’accès aux médicaments génériques pour des millions de gens.

    Toutefois, ce qui a vraiment agacé les délégués US et européens est le fait que le linge sale de la Banque Mondiale est lavé en public, grâce en grande partie à l’ineptie de Paul Wolfowitz qui incidemment en a blâmé les media.

    Que sont le FMI et la Banque Mondiale?

    Il est largement mais faussement cru que l’objet de la Banque Mondiale [contrôlée par la Federal Reserve US] et le FMI [dont les Etats-Unis sont le principal donateur et la seule nation avec un pouvoir de veto] est de “encourager le développement et soulager la pauvreté du Tiers-monde, mais en pratique ces organisations ont ajouté à l’appauvrissement et la destitution de millions de gens” par le biais des programmes de prêts appelés "Structural Adjustment Programmes" (SAPs) qui ont réussi à ajouter à la charge de la dette et à la stagnation des pays.

    Le résultat évident des SAPs de la Banque Mondiale et du FMI est que l’argent prêté pour destituer les nations est utilisé pour le paiement des intérêts immédiats aux institutions bancaires occidentales, chose que Jim Tucker et moi avons dénoncé tous deux pendant des années. En outre, en commandant les économies du Tiers-monde à se focaliser sur des productions orientées vers l’exportation, la Banque Mondiale et le FMI ont canalisé 178 milliards de dollars de ressources financières du Tiers-monde entre 1984 et 1990 pour soulager la dette étrangère libellée en dollars.

    Ces programmes sont mis en oeuvre dans 70 pays du Tiers-monde et de l’Europe de l’Est, du Nigeria à la Jamaïque, de la Hongrie à l’Ethiopie, le Lesotho, le Kenya, le Ghana, l’Ouganda soumis à 566 SAPs du FMI et de la Banque Mondiale avec des résultats dévastateurs. Les SAPs impliquent la libéralisation des économies africaines ce qui signifie que les sociétés étrangères sont encouragées à prendre le contrôle de secteurs désignés de l’économie.

    Les propres études de la Banque Mondiale intitulées, "Adjustment Lending: An Evaluation of Ten Years of Experience" (1988) ont démontré que les SAPs entrepris par 15 pays d’Afrique sub-saharienne ont amèrement échoué selon tous les critères mesurables.

    En dépit d’un ajustement global, “33 pays d’Afrique sur 47, selon l’étude secrète de la banque, ont été sujets à un ajustement structurel par le FMI et la BM, la dette extérieure totale du continent est maintenant de 110 pourcent de son Produit National Brut.”

    En outre, les états africains, incapables de lutter contre les multinationales occidentales, ont été forcées de se retirer du secteur de la santé faisant partie de l’économie de marché libre. Cela a mis les enfants africains à la merci des organisations internationales peu scrupuleuses et des sociétés pharmaceutiques transnationales, qui sont donc libres de les utiliser comme cobayes pour tester différents médicaments et vaccins. Comme exemple de ce point, en janvier 2001, la société pharmaceutique étatsunienne TNC Pfizer a utilisé un médicament expérimental sur 50.000 enfants souffrant de méningite à Kano au Nigeria, sans autorisation officielle. Comme résultat de l’épidémie, 15,000 personnes sont mortes alors que beaucoup d’autres sont devenus sourdes et aveugles.

    Juste quelques autres sujets sur lesquels nous travaillons afin de les exposer: les relations européennes avec la Russie non seulement en Europe mais aussi en Asie Centrale. Avec Moscou passant un accord avec le Kazakhstan et le Turkménistan pour le transport de gaz vers l’Europe, l’objectif géostratégique étatsunien de s’interposer entre les pays d’Asie Centrale et la Russie gît en lambeaux. Alors que les Etats-Unis disent que ce n’est pas bon pour l’Europe, les européens sont divisés. L’Iran, tout d’un coup, est devenu le dernier espoir des Etats-Unis dans la guerre de l’énergie.

    La guerre en Iran, après deux années d’agitation de la part du gouvernement étatsunien, n’est définitivement plus à l’ordre du jour. En outre, avec la France, la Russie, le Japon et la Chine en train d’investir fortement en Iran, le monde a tracé une ligne dans le sable et il sera dit aux Etats-Unis durant la conférence de ne pas la traverser. Il y a du sang dans l’eau, et le sang dans l’eau conduit généralement à un bon combat. Nonobstant cela, les Etats-Unis ont besoin de contrôler la région, non seulement pour ses réserves de pétrole mais, le plus important, pour l’aider à maintenir une hégémonie économique mondiale. Selon leur plan stratégique, les pays de la région seront transformés en domaines affaiblis de cheikhs sectaires avec peu ou pas de souveraineté et, par implications, réduits à un plan de développement économique pathétique. Le chaos régional favorise le fondamentalisme islamique, qui à son tour renforce le processus de désintégration politique et sociale souhaité par les Bilderbergers.

    Et finalement, avec Blair sur le départ, on dira encore à la Grande-Bretagne qu’elle doit à tout prix faire le nécessaire pour intégrer le pays à la communauté européenne, même contre les souhaits exprimés par les citoyens britanniques.




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