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    De très nombreux experts ont urgemment demandé que soient lancées des investigations concernant les éventuels dangers qui pourraient se présenter dans l'usage et le développement de la nanotechnologie, qui doivent être identifiés et éliminés, afin que le public soit rassuré quant à l'utilité réelle de cette avancée scientifique.

     

     

    La communauté scientifique travaillant sur le domaine de la nanotechnologie n'est pas encore sur le premier plan de la scène étant donné les applications encore très restreintes de leurs expérimentations.


    Traiter le problème à la racine
    Si le public doit être convaincu de l'utilité des recherches menées, il doit d'abord en saisir toutes les conséquences et, selon les opinions de certains chercheurs, promouvoir les bienfaits au niveau médical ou informatique de leur champ de recherche ne sera pas une mince affaire.

    Le potentiel nanotechnologique ne pourra prendre toute sa puissance que lorsque les informations concernant les éventuels dangers de cette technologie et les facons de les éviter auront été clairement expliqués au public.

    Andrew Maynard, du Woodrow Wilson International Center for Scholars de Washington ainsi que 13 autres experts du monde entier veulent avertir les autorités compétentes afin que celles-ci puissent anticiper et ne plus perdre de temps.







     



    " Si le public n'a plus confiance en l'engagement pris par les gouvernements, les entreprises et la communauté scientifique en ce qui concerne la recherche systématique de tous les dangers possibles contenus dans cette technologie, alors le potentiel immense de la nanotechnologie serait gâché. Nous ne pouvons donc pas accepter cela " ont expliqué ces scientifiques dans la revue Nature.

    Les nanotechnologies regroupent plusieurs domaines tels que l'optique, la biologie, l'électronique, la mécanique et la chimie qui manipulent des objets d'une taille de l'ordre du nanomètre (10-9 mètre). Le terme est parfois utilisé par extension pour les microtechnologies.

    Elles se sont développées avec l'avènement d'outils tels que le microscope à effet tunnel et le microscope à force atomique. Ces instruments, combinés à la lithographie, permettent d'observer, de manipuler et de créer des nanostructures.

    Les industries investissent massivement dans ce type de recherche, celles-ci étant pressenties pour ouvrir des horizons nouveaux aux biens manufacturés dans l'avenir.*


    Où en sommes-nous '
    La nanotechnologie est déjà à l'oeuvre dans les secteurs des cosmétiques, des composants informatiques, des crèmes solaires, des fenêtres auto-nettoyantes et des habits résistants aux tâches. Mais les matériaux utilisés à cette échelle ont des propriétés bien différentes de celles que peuvent avoir des macromatériaux.

    Les experts ont préconisé le développement et l'usage d'instruments dans les 3 à 10 années prochaines afin d'évaluer l'exposition environnementale aux nanomatériaux. Des méthodes d'évaluation de la toxicité des nanomatériaux devront de plus être créées durant les 15 prochaines années.

    Des modèles permettant de prédire leur impact sur la santé et l'environnement doivent impérativement être développés sur la prochaine décennie, afin de prévoir tous les différents scénarios possibles quant à leur utilisation.















     



    " C'est donc une question qui dépasse la communauté scientifique, car elle nous concerne tous, dans nos habitudes de vie. Les gouvernements, les industries et les scientifiques du monde entier devront se poser la question de savoirs s'ils veulent developper (et rapidement) un usage prudent ou pas de la nanotechnologie " ont-ils ajouté.

    Ce rapport a été décrit comme une référence dans l'histoire de la recherche en nanotechnologie par le président républicain de la division du comité scientifique de la chambre des députés américaine, Mr Sherwood Boehlert.

    Il explique, dans un communiqué écrit en collaboration avec Bart Gordon, un  démocrate du Tennessee que ce rapport " établit clairement les conséquences à prendre en compte et les priorités à mettre en place en ce qui concerne les dangers potentiels que représentent les nanotechnologies pour l'environnement et l'homme, et ceci sur une période de temps d'une dizaine d'années ".

    Boehlert et Gordon ont exhorté le gouvernement américain à mettre en place un plan et un budget, qui seront nécessaires à l'application des recommandations contenues dans le rapport publié par les experts dans la revue Nature.

    Ils ont fini en concluant que " Nous sommes exactement au bon moment aujourd'hui pour nous rendre compte des bienfaits et des besoins apportés par cette technologie. Si nous voulons continuer à bénéficier de ces avancées, il va falloir s'en préoccuper davantage " .









     

    Je viens tout juste de terminer un article sur les nanotechnologies publié dans le mensuel « Le Monde diplomatique » du mois de mars. Contrairement aux articles qu'on lit normalement, qui portent aux nues ce champ de recherche, celui-ci propose une discussion beaucoup plus pesée et critique. Il y a quelques semaines, on m'avait posé une question au sujet des dangers que pourraient comporter les nanotubes de carbone entre les mains d'un groupe de terroristes. J'avais alors répondu que leur prix était bien trop élevé pour qu'elles soient réellement utilisées par ces groupes. Malheureusement, il semble que les dangers puissent être plus grands dans une utilisation de tous les jours. On n'arrête pas le progrès...



    L'expression « nanotechnologie » recouvre une gamme variée de systèmes et d'applications. Profitant des financements importants accordés dans le domaine, une bonne partie des physiciens de la matière condensée et des chimistes se sont rebaptisés nanoscientifiques. En effet, tout ce qui porte sur la fabrication de structures organisées sur une taille allant de quelques atomes à quelques dizaines d'atomes entre dans cette catégorie. Ceci inclut la fabrication de molécules — un champ qui définit la chimie traditionnelle dans son ensemble, mais aussi de nouveaux domaines basés sur l'auto-assemblage, par exemple.

    Ainsi, la fabrication de circuits électroniques de plus en plus petits, bien qu'atteignant des tailles nanométriques (la prochaine génération de puces sera composée de fils de 90 nm de large), n'est pas à proprement parler de la nanotechnologie. Tour de force technologique, il n'en reste pas moins que les techniques utilisées ne sont que des raffinements de méthodes en place depuis de nombreuses années. Nulle part ne fait-on appel à de nouvelles propriétés des semi-conducteurs qui pourraient dominer à cette échelle; au contraire, on continue de penser ces circuits avec les mêmes modèles que ceux utilisés pour des circuits 10 ou 100 fois plus gros.

    La situation est similaire lorsqu'on parle de nanotubes de carbone ou de nanograins d'oxyde de titane. Pour beaucoup d'applications, ces matériaux sont utilisés essentiellement pour leurs propriétés classiques, telles que la rigidité ou leurs propriétés optiques. Il s'agit bien plus d'une chimie classique que de la fabrication de structures dont les propriétés dépendent intrinsèquement de leur petite taille. Là où ça se gâte, c'est qu'on ne connaît pas généralement l'impact de ces structures sur l'environnement ou sur le vivant. Ainsi, il est possible que ces structures très petites, mais inorganiques puissent se loger dans les alvéoles pulmonaires ou même traverser les barrières qui protègent le cerveau. La nouveauté est vraiment qu'on relâche dans l'environnement de nouvelles formes dont on connaît très peu les propriétés. Déjà, tel que cité dans le Monde diplomatique, certaines études suggèrent que ces nanoparticules peuvent traverser la barrière placentaire, et donc pourraient affecter les fétus.

     



    Les dangers sont certainement bien moindres lorsqu'on considère des nanostructures intégrées à des objets macroscopiques. Ainsi, on travaille présentement au développement de surfaces de puces de silicium ou d'autres matériaux nanostructurés sur lesquels on pourrait déposer des molécules organiques afin de créer des interfaces organo-électroniques. Comme la puce elle-même est macroscopique (typiquement une taille de plusieurs mm), il n'y a pas de danger qu'elle disparaisse dans l'environnement.  Quant aux nanorobots ou nano-outils, encore une fois, les risques apparaissent surtout si les objets se présentent sous forme de poudre plutôt qu'intégrées à de grands systèmes et, surtout, parce qu'on ignore généralement comment ces objets vont réagir dans l'environnement chimiquement varié que représente notre écosystème.

    Il ne fait aucun doute que ces nouvelles technologies doivent être testées avec soin avant de les produire sur de grandes échelles. Les scientifiques qui les développent n'ont souvent pas la formation nécessaire pour faire ces tests et tendent à travailler dans des environnements très contrôlés et protégés afin, en général, d'éviter de contaminer leurs échantillons. Le gouvernement doit certainement mettre des normes en place afin d'obliger des tests toxicologiques sur chacun de ces produits ou simplement étendre celles qui devraient l'être lorsqu'on décide d'utiliser tout nouveau produit chimique ou biologique.
    Ni plus, ni moins.






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