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    LE COMPLOT DU FMI CONTRE L'AFRIQUE
    2007-09-10 14:21:41 par CGPLUS



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    Le candidat de l'union européenne à la tête du Fonds Monétaire International(FMI), le « socialiste » Dominique Strauss Kahn, s'apprête à devenir le futur patron. Au moment où le débat s'enfle sur une nécessaire réforme de cette institution pour prendre en considération les desideratas des économies émergentes, il semble opportun de revenir sur les relations tumultueuses entre l'Afrique et la dite institution. A tort ou à raison, les institutions internationales n'ont jamais eu une bonne presse dans un continent où à vrai dire toutes les interventions du FMI ont précipité dans l'abîme des économies déjà fragiles.

    Nous présenterons primo, un bref historique de cette institution, secundo les conséquences de ses interventions en Afrique et tertio, le comportement à adopter par les pays africains.

     

    VIDEO

    partie 1 :
    http://www.dailymotion.com/video/x43ehe_mondialisation-quand-le-fmi-fabriqu_politics


    partie 2 :
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    partie 3 :
    http://www.dailymotion.com/video/x43ej5_mondialisation-quand-le-fmi-fabriqu_politics


    partie 4 :
    http://www.dailymotion.com/video/x43eim_mondialisation-quand-le-fmi-fabriqu_politics


    partie 5 :
    http://www.dailymotion.com/video/x43ehx_mondialisation-quand-le-fmi-fabriqu_politics

     



    La création du FMI et ses bases théoriques floues


    Depuis 1914, l'étalon-or d'avant guerre n'a cessé de susciter bien des envies. Tant dans la période de l'entre-deux-guerres que dans la période d'après-guerre, on a assisté à un effort concerté au niveau international pour rétablir des systèmes de taux de change fixes, qui apparaissaient souhaitables au vu de l'expérience de l'étalon-or[1].

    Cependant, si l'époque de l'étalon-or avant 1914 a constitué l'exemple de santé monétaire internationale, la période de l'entre-deux-guerres est apparue comme une période de fortes turbulences. Les balances de paiements et les taux de change ont connu des mouvements chaotiques à la suite de deux grands chocs, la première Guerre mondiale (1919-1923) et la Grande crise (1931-1934).

    Après la première guerre mondiale, les pays européens faisaient face à une avalanche d'inflation et d'instabilité politique. Leurs monnaies étaient devenues inconvertibles pendant la guerre, vu que leurs taux d'inflation étaient très élevés que celui des Etats-Unis, le nouveau patron au niveau financier. En France, les différents gouvernements se montrèrent incapables de réduire les dépenses publiques ou d'augmenter les impôts pour diminuer les déficits budgétaires, qui durent être financés par des émissions de nouvelle monnaie. L'Italie connaissait une situation similaire. Quant à Allemagne, la masse monétaire, les prix et le coût des devises furent tous multipliés par plus d'un trillion entre 1922 et 1923. Le 19 septembre 1931, la Grande Bretagne abandonna l'étalon-or, laissant varier librement la livre sterling. La gravité de la situation a conduit les chefs de file monétaires des puissances alliées à réfléchir sur un meilleur système.

    C'est ainsi que la conférence de Bretton Woods, dans le New Hampshire a eu lieu, en juillet 1944, une conférence monétaire et financière des Nations Unies réunissant, les représentants des 44 nations signataires de la charte de l'ONU. Des deux plans en présence, celui de John Maynard Keynes et d'Harry Dexter White, c'est celui du dernier cité qui sera remanié et retenu. Les principales dispositions de l'accord portent sur les points suivants :

    - chaque pays devra progressivement assurer la convertibilité de sa monnaie avec le dollar et les autres monnaies ;

    - le dollar est rattaché à l'or au taux fixe de 35 dollars l'once d'or. Le lien avec l'or est donc conservé, mais de façon indirecte pour la plupart des monnaies ;

    - les taux de change doivent être fixes. La quantité de monnaie échangée contre une unité de monnaie étrangère ne doit pas varier dans le temps de façon significative. Les pays disposent d'une marge de fluctuation de 1%, c'est-à-dire que les banques centrales doivent intervenir pour maintenir la parité de leur monnaie lorsque celle-ci monte ou descend de plus de 1% par rapport au dollar. La dévaluation, constat d'échec dans le maintien de parités stables, ne doit être qu'exceptionnelle.

    Si le déséquilibre est temporaire (déséquilibre conjoncturel), les pays peuvent demander à bénéficier de crédits particuliers, les moyens de paiement internationaux mis à leur disposition permettant de financer les déficits extérieurs. Les pays peuvent de même utiliser les Droits de Tirages Spéciaux (DTS), crées par le FMI. Ces DTS représentent un droit, calculé au prorata de la quote-part[2], de recevoir des liquidités internationales dont une faible partie seulement devra être remboursée.


    Si les deux plans souhaitaient que le monde se dote d'une nouvelle banque centrale, capable d'allouer aux pays déficitaires des réserves pour surmonter leur déséquilibre temporaire, celui de White, proposait en outre que des pressions internationales soient exercées sur les gouvernements nationaux afin qu'ils changent leur politique macroéconomique de façon à servir l'objet d'un équilibre dans les paiements internationaux. Aujourd'hui le FMI compte plus de 150 pays.


    Des bases théoriques floues à l'épreuve du temps


    Le système de Bretton Woods a vraiment fonctionné à partir du retour à la convertibilité des monnaies européennes en 1958. Mais avec le taux d'inflation de l'économie américaine, la confiance dans le dollar s'en trouve affectée à tel point que les marchés de changes ont connu à la fin des années 60 d'énormes mouvements de fluctuation du dollar. Dans l'impossibilité de stopper ces fluctuations, les Etats Unis durent mettre fin à la convertibilité du dollar en or, le 15 Août 1971. La marge de fluctuation passe de 1% à 2,25%. En 1973, les banques centrales européennes refusent de continuer à soutenir le dollar et renoncent désormais à être rattachées au dollar.

    Ce fut la fin du système de changes fixes organisé autour de l'étalon-dollar et l'avènement du flottement généralisé des monnaies[3]. L'échec du système de Bretton Woods présageait celui du FMI. Dans un discours prononcé le 13 juillet 1982, Jacques Larosière (ancien directeur du FMI) précisait que le FMI « est une institution monétaire contribuant à l'ajustement économique dans ses pays membres et dans le monde entier »[4]. Ceci revient à dire que lorsqu'un pays connaît un grave déficit de sa balance des paiements[5],
     
    mettant en cause sa monnaie, il peut faire appel au FMI afin que ce dernier lui accorde les moyens financiers nécessaires au rétablissement de sa situation extérieure. Cependant au niveau théorique, le FMI s'est éternisé à croire que le déséquilibre des taux de change venait que du compte des transactions courantes. Or les spécialistes des questions de changes s'accordent à reconnaître que les fondamentaux du taux de change n'expliquent pas parfois les fluctuations de ces derniers. Aujourd'hui, il convient de prendre en compte le bas de la balance des paiements (le compte capital et le compte financier) plutôt que le haut(le compte de transactions courantes). Les crises financières (le Mexique au début de 1995, l'Asie en 1997, la Russie en 1998 et le Brésil en 1998) ont fini par convaincre de l'inaptitude du FMI à jouer son rôle de gardien du système monétaire international.


    Le FMI et l'Afrique


    La crise de la dette a promu le FMI au rôle de tuteur des politiques économiques des pays en développement et de médiateurs entre créanciers et débiteurs. Le mariage entre l'Afrique et le FMI a commencé avec les programmes de rééchelonnement de la dette couplé à des programmes de réduction de l'absorption d'inspiration monétariste dans les années 83. Cette politique a échoué car les rééchelonnements n'ont pas restauré la capacité de remboursement et d'emprunt des pays. Les banques ont refusé de prêter autrement que dans des plans concertés avec la caution du FMI. Même avec les plans Baker et Brandy, le FMI devait être une caution privilégiée des pays en développement et surtout africains. C'est ainsi que les pays développés avec la complicité des institutions internationales comme le FMI se sont accaparés de manière scientifique et organisée du système économique africain.

    Les grandes entreprises étatiques porteuses d'espoir ont été cédées aux multinationales occidentales parfois à un franc symbolique. En même temps, des rapports officiels de l'OMS, du FMI et de la banque mondiale inquiètent. Sur une population de 940 millions d'habitants, le revenu moyen annuel est de 600 dollars. 350 millions d'habitants en Afrique subsaharienne vivent avec moins d'un dollar par jour. Ces rapports disent que la faim tue deux fois plus que le sida et la tuberculose ; selon l'OMS, dans le « classement global du système de santé » sur une échelle de 1 à 191, tous les pays africains se situent dans le bas du tableau : Tchad 178, Angola 187, Nigeria 187, République démocratique du Congo 188, Sierra Leone 191...

    Ces pays sont pourtant des pays dont le sous sol est riche. L'Afrique est le continent le plus touché par le travail des enfants : 41% des enfants de 5 à 14 ans, soit 80 millions d'enfants. Pour l'OIT, ce nombre va croître pour s'établir à 100 millions en 2015. En 2004, l'Afrique a connu 46 conflits armés, soit 52% au niveau mondial. L'espérance de vie moyenne est passée 49 ans à 45 ans entre 1980 et 2006[6]. Devant ce drame gigantesque et rocambolesque qui frappe l'Afrique, une question revient sans cesse sur les lèvres : qui est responsable ? C'est vrai que l'incompétence, le manque de stratégie et de vision de certains dirigeants africains sans oublier la corruption de l'élite africaine expliquent en partie la disette de l'Afrique. Mais le véritable goulot d'étranglement demeure la dette galopante injuste qui prive les Etats de ressources financières, les privatisations tous azimuts et le pillage systématiques des ressources naturelles de l'Afrique.
     
    Pour que la dette étrangle l'Afrique et retarde son développement, les pays occidentaux ont cherché à contrôler notre système de production afin de piller les ressources de l'Afrique. C'est ainsi que le FMI, par le truchement de ses programmes d'Ajustement Structurel (PAS) a obligé les pays africains à privatiser les grandes entreprises africaines. Selon l'ONU, les trois quarts des prêts et des crédits n'étaient accordés qu'à condition de privatiser...Entre 1990 et 2000, plus de 3000 entreprises sont passées du secteur public au secteur privé, soit une moyenne de six privatisations par an et par pays. Pour la période de 1990 à 1995, le nombre d'entreprises publiques est passé en Afrique subsaharienne de 6069 à 4058, soit une chute de 33%. En Guinée par exemple, seuls 600 emplois sur 4000 ont été préservés.

    Même en Afrique du Sud, plus d'un million d'emplois ont disparu en dix ans. Depuis 2005, le FMI exige encore la privatisation des entreprises restantes, des banques et des assurances, s'opposant même parfois à l'utilisation des recettes pétrolières versées au Fonds de régulation des recettes (FRR). Le FMI s'oppose aussi à l'augmentation des salaires et à la reconstruction par les investissements publics.

    En vérité, toute cette gesticulation mediatico-scientifique vise à maintenir encore une fois l'Afrique dans l'indigence, dans la colonisation. Avec l'aide du FMI, à travers ses privatisations, depuis l'extraction de la première goutte de pétrole, les compagnies anglo-américaines, françaises et Malaisiennes ont empoché 653 milliards de dollars laissant aux Tchadiens que 62 millions de dollars. Le Nigeria qui est deuxième producteur de pétrole en Afrique, avec des réserves de 2500 millions de barils enregistre 80% de sa population avec moins d'un dollar par jour. La Côte d'Ivoire illustre bien la confrontation des intérêts entre des multinationales comme Bolloré, Bouygues et la volonté du pays à contrôler son système de production. Pourquoi Areva pille l'Uranium du Niger. Pourquoi, le Guinéen ne mange pas à sa faim alors même que son sous-sol est honteusement exploité.


    L'alibi de la bonne gouvernance


    Pour contrôler donc le système de production des pays en développement et surtout africains, le FMI utilise ses fameuses conditionnalités. Les publications du FMI la définissent en ces termes : « la conditionnalité se rapporte à l'obligation, imposée par le Fonds aux pays membres qui désirent recourir à ses ressources, d'adopter des politiques d'ajustement économique (...). Le lien entre le financement et l'ajustement est au centre de la conditionnalité ». En clair, « la conditionnalité vise à assurer que les mesures prises par le pays membre conduisent, dans des délais raisonnables, à une balance des paiements viable et à une croissance économique soutenable ». Même la conclusion d'un accord de prêts privés nécessite l'aval du FMI ; en effet « l'existence d'un accord de confirmation avec le Fonds est souvent posée comme condition à la conclusion d'accords de prêts privés avec des pays membres du Fonds (...).

    Les prêteurs privés s'appuient sur les accords de confirmation, parce qu'ils considèrent la conditionnalité du Fonds comme la garantie que le pays membre a élaboré un programme jugé suffisamment satisfaisant par le Fonds pour justifier l'appui du programme au moyen des ressources du Fonds ». Derrière cette fable économique se cache une volonté manifeste du FMI de contrôler les économies africaines au profit des pays industrialisés et leurs multinationales. Les conditionnalités ne sont ni plus ni moins la prise en main de la politique économique d'un pays par les pseudos experts du FMI, remettant ainsi en cause l'indépendance et la souveraineté de ce pays. De plus en plus, les conditionnalités ont pris la forme de bonne gouvernance. Pour le FMI, « le cœur d'une bonne gouvernance » s'appelle « le libre accès au marché ». Pour Daniel Kaufman, directeur de la gouvernance mondiale à l'institut de la banque mondiale, « les pays qui entreprennent des reformes constatent que la bonne gouvernance est reconnue par les investisseurs étrangers, les bailleurs de fonds, les responsables gouvernementaux et le grand public comme primordiale ». La difficulté des institutions internationales à définir clairement le terme de bonne gouvernance montre bien leur volonté d'user de l'émotion et de jolis mots pour avoir l'adhésion des populations à leur supercherie.
     
    Pour s'en convaincre, il suffit de comprendre l'aveu de Michel Camdessus qui déclarait que le FMI a toujours visé à pousser les pays « à entreprendre des réformes clés concernant le commerce, le marché du travail et d'autres réformes des marchés ». La bonne gouvernance, selon nous, est la volonté d'assurer la participation plus large de tous les citoyens et des organisations, bref des forces vives d'un pays à la conception et à l'application des politiques. La bonne gouvernance, c'est refuser que la richesse d'un pays se concentre entre les mains de quelques individus, laissant les masses populaires dans la paupérisation.


    Ce que les pays africains doivent faire


    Aujourd'hui, de l'aveu même du FMI et de la Banque mondiale, les thérapies prescrites aux pays en développement ont étés un désastre sur le plan économique et social. Les PAS ont renvoyé les pays africains à l'époque de la colonisation, voire même de l'esclavage puisqu'ils se battent pour rembourser indéfiniment des dettes. Si l'africain n'arrive pas à se soigner correctement, c'est parce qu'on a licencié les médecins, les infirmiers et privé les Etats d'investir dans le public. C'est aussi le cas dans le secteur de l'éducation et de la recherche. Sans honte, les institutions internationales annoncent « un plan de lutte contre la pauvreté » dans le cadre des objectifs du Millénaire (réduction de 50% de la pauvreté pour l'Afrique d'ici à 2015). Dans cette optique, pour réduire la dette des pays, le FMI met en place un mécanisme assorti des mêmes conditionnalités que les PAS.
     
    Si le FMI ne parle plus de PAS, mais de Documents Stratégiques pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP), le contenu demeure le même. Parfois aussi, on nous rabâche les oreilles que la bonne gouvernance est la solution au décollage de l'Afrique. L'Afrique n'a pas de leçon à recevoir des experts du FMI ou d'une quelconque institution internationale.

    Le cas Paul Wolfowitz (ancien directeur de la banque mondiale), coupable de népotisme et de favoritisme n'a t-il pas convaincu plus d'un sur la manque de rigueur de ces institutions internationales ? Le moment est venu pour que les pays africains prennent en main leur destinée. Pour éviter les interventions meurtrières des institutions internationales comme le FMI, les pays africains doivent de moins en moins s'endetter, gérer au mieux les ressources financières tirées de l'exploitation des richesses naturelles. Dans le cas de la zone franc CFA, c'est le lieu de réfléchir sur un régime de change capable d'empêcher le déficit des balances de paiements, au regard des chocs subis. Les pays en développement et ceux de l'Afrique en particulier doivent approfondir l'idée du président Chavez au sujet d'une Banque du Sud. D'ailleurs, la nouvelle architecture financière internationale (NAFI), définie en juin 1999 sous l'égide du G7 et mise en œuvre, depuis, par le FMI, en réponse aux crises systémiques des années 1990, n'a pas clos le débat sur la raison d'être du FMI.

    A la lumière des torts que subissent les pays africains, on se demande ce qu'ils font en étant membre de ce « Fonds de Misère Instantanée » car comme le rappelait Joseph TCHOUDJANG POUEMI « le FMI devient une institution inopérante, presque formelle. Ses décisions sont adoptées par les grands pays avec une totale inattention à l'égard des pays du tiers monde. Les débats du comité intérimaire sont entièrement des matières de protocole, sans signification aucune »[7]. Les pays africains doivent refuser d'exécuter les politiques économiques dévastatrices prescrites par le FMI car cette institution est devenue un instrument de torture et de désordre économique.